Article | Silent Noise (Tamara Laï) – par Benoit Dusart | Revue L’art Même #86 (Be)

Article | Silent Noise (Tamara Laï) – par Benoit Dusart | Revue L’art Même #86 (Be)

Un article sur la très belle exposition de l’artiste italienne Tamara Laï soutenue par les Pépinières au Musée d’arts contemporains MAC’s au Grand Hornu en Belgique – dont Philippe Franck (directeur de Transcultures) a également été corédacteur du catalogue d’exposition (avec Denis Gielen, directeur du Mac’s).

Outre la vaste exposition consacrée à Léon Wuidar, le MAC’s accueille le travail vidéo de Tamara Laï (née en Italie; vit et travaille à Liège). Pionnière du Net Art, autrice, chercheuse, vidéaste, médiatrice, l’artiste étend depuis le début des années 90 un univers protéiforme et complexe. Fidèle aux premiers idéaux du Web — instrument d’émancipation, de partage en réseau, de créativité politique, scientifique et artistique — l’œuvre s’est constituée indépendamment des soutiens institutionnels et bien loin des exigences du marché. En résulte un travail très singulier où la poésie et l’intimité se conjuguent très souvent au partage et à la collaboration, dans une perspective rhizomique et esthétiquement décloisonnée.

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L'Art Même #86 - Sommaire

Aux quatre coins de la planète, en nos espaces trop communément dits publics et sur nos scènes artistiques, des voix s’élèvent, autres, qui en accueillent de nouvelles encore, de plus vulnérables, des opprimées, des voix jadis sans voix, dans le désir de se saisir d’une parole confisquée ou dénaturée et de la penser comme un bien commun dont il nous faut urgemment prendre soin.

Cette nécessité de refonder la parole, de la dépolluer — que l’on pense à l’inflation des discours creux ou mensongers, politiques et médiatiques, mais aussi des inepties et des violences que charrient les réseaux sociaux — est éminemment politique. Elle s’accompagne d’un besoin d’ouverture à celles et ceux jusqu’alors inaudibilisés.

Le dossier de cette livraison de janvier offre une immersion dans le champ musical, polyphonique, sonore, pertormatif de la voix, et se penche sur son agentivité, au travers de contributions entrecroisant à l’envi des fommes et formats artistiques et des lieux d’énonciation: La voix est aussi celle du poète qui, plus que quiconque, a cette capacité de créer du commun par la parole, car traversé des mots de ce qui l’entoure autant qu’habité par les siens. “Poète est, à cet égard, celui qui reçoit du monde des énoncés qui l’obligent, qui mêle à ses phrases des énoncés de paysages, de bêtes, de fleuves, de déchets, de fantômes, et encore de machines, et d’artefacts, et de parfaits inconnus ; et surtout qui s’efforce d’en répondre”, écrit l’historienne de la littérature et essayiste Marielle Macé. Et de poursuivre : “En répondre’ en effet, car le poète accepte de faire la parole. ll assume d’être celui qui parle, celui par qui il est parlé même […] et, indissociablement, d’être celui qui parle par d’autres, et avec le monde dans la bouche. Et le fait que le poète soit celui qui parle ne confisque la parole à personne, ne réduit rien au silence; c’est même tout le contraire : c’est à cette seule condition — à condition d’écouter depuis salangue, d’engager dans son écoute ses phrases à lui — qu’il sait entendre. Car ilne suffit pas d’ouvrir grand ses oreilles pour entendre les choses du monde. Il faut s’y mettre dans sa langue, avec sa propre voix. C’est aussi par la parole qu’on écoute »

Christine Jamart
Rédactrice en chef