Si la fourchette a cessé d’évoluer depuis longtemps, pourquoi n’en est-il pas de même pour la machine à laver ? Qui se sert des programmes aux noms lyriques apparus sur nos machines à laver ces dernières années ? Mathilde Schoenauer Sebag propose avec *Lou et le mystère du cycle doux* une fiction radiophonique qui interroge la gadgétisation des objets techniques nous entourant. Ces questions paraissent simples, mais elles dévoilent avec un humour urgent les réserves émises face à la course à l’innovation.
Dans cette utopie radiophonique, Mathilde Schoenauer Sebag utilise la machine à laver comme symbole de l’objet utile progressivement transformé en gadget. Si cet objet améliore réellement le quotidien de millions de gens, il est aussi alourdi par des fonctionnalités superflues, qui ne correspondent ni à une baisse de la pénibilité, ni même à un gain de confort. Loin d’être technophobe ou antitech, cette série de quatre épisodes nous invite à un voyage temporel à la recherche de l’origine de l’utilité des programmes de nos machines à laver. Il est nécessaire de s’entraîner à discriminer les innovations en mettant face à face leurs utilités et leurs coûts social et environnemental, pour pouvoir mener en toute connaissance de cause un débat collectif sur la définition de nos véritables besoins.
Au-delà de ces questionnements, cette fiction radiophonique explore le pouvoir transformateur de l’imaginaire, en tant qu’outil révolutionnaire et de soin. Révolutionnaire, car il permet de modifier un élément du passé, d’esquisser les contours d’un futur souhaitable, et de rendre ce futur plus probable par la projection collective. En imaginant et fantasmant des avenirs possibles, des horizons bouchés se transforment en lignes de désir, ouvrant de nouvelles perspectives.
La fiction agit également comme un outil de soin, en permettant de rendre visite à des personnes, des lieux ou des époques, dont on pense qu’ils sont à l’origine de tous les maux. Par ce dialogue fictif, les schémas simplistes s’effacent, laissant place à une réinterprétation qui convertit ressentiment et impuissance en joie et détermination.
Lou et le mystère du cycle doux
Lou est une jeune femme rationnelle et habituée à ce que les choses aient un sens. Alors quand elle se rend compte que la plupart des gens n’utilisent pas les programmes de leurs machines à laver, elle ouvre l’enquête. La voilà embarquée dans une mission qui la dépasse.
Une fois aux archives, elle met la main sur le premier programme inutile jamais inventé, le cycle doux, et son inventeur, Lucien Grenat.
Un personnage sibyllin, mi-standardiste, mi-archiviste, lui fait comprendre qu’il faut empêcher à tout prix l’invention du cycle doux, car il est le premier élément d’une chaîne causale menant à la chute de l’humanité. Lou entame donc un voyage temporel pour tenter de convaincre Lucien d’abandonner son invention. Mais la fiction finit par prendre possession des personnages, et les voici tous deux éjectés dans un futur gentiment foutoir, ou l’on assiste à une course de machines à laver.
Mathilde Schoenauer Sebag - Duu Din Ka
Une formation d’ingénieure chimiste a conduit Mathilde Schoenauer Sebag a effectué un doctorat en sciences des matériaux sur les panneaux solaires à l’ESPCI, l’École supérieure de physique et de chimie industrielles de la Ville de Paris.
La science occidentale moderne, tantôt faussement neutre, tantôt empreinte d’un discours désuet sur le progrès technologique, complètement décalé par rapport aux réalités environnementales et sociales, l’a vite déçue.
Elle a cherché un espace ou ses convictions et l’urgence de leurs expressions entreraient en résonance. Aujourd’hui, c’est avec plaisir qu’elle évolue entre la création sonore, le spectacle vivant, l’enseignement et l’activisme.
Son travail a été présenté dans des lieux tels que Fabrioles à Figeac ou le Château Pergaud, tout en participant à des événements comme le Prix Europa à Berlin et le Grand Prix Nova à Bucarest. Ses oeuvres radiophonique ont été diffusées sur Radio Campus Bruxelles, Radiophrenia, Radio Vostok, Radio Escapade, Radio Panik, 100 Radio, Radio Publik et Radio Pogge… Son engagement dans la création sonore l’a également conduite à animer des ateliers et à intervenir dans des institutions académiques telles que l’ESPCI à Paris et l’UCL à Louvain.
duudinka.com
A lire aussi : La chimie sonore de Mathilde Schoenauer Sebag par Jacques Urbanska | Turbulences Video #118
Informations
- 15.12.2024 | dans l’après-midi (heure à confirmer)
- La Fonderie
- 27 rue ransfort, 1080 Bruxelles Belgique
- Entrée libre
- lafonderie.be
Production - Les cailloux meurent aussi
- Transcultures
- Le projet a bénéficié du Fonds d’aide à la création radiophonique – service général de l’Audiovisuel et des Médias – Fédération Wallonie-Bruxelles, du Fonds Gulliver (RTBF).
- Le projet a bénéficié du soutien de : Utopiana (Ch), la Fonderie (Be), Pépinières Européennes de Création (Fr)