Article | MATERIA (de Alain Wergifosse) – Installation immersive – par Philippe Franck (Fr/Be) | Turbulences Video #123 (Fr)

Materia le nouveau projet d’Alain Wergifosse présenté en première au festival VIDEOFORMES en mars 2024, est une grande installation vidéo multicanal immersive. L’artiste sonore et visuel belge le définit comme « un voyage d’exploration imaginaire à l’intérieur de la matière dans tous ses états et ses transmutations, navigant dans les phases liquides, survolant les états gazeux, pénétrant dans les solides, parfois aveuglés par des plasmas de vives couleurs ou assourdis par les vibrations.

Avec un regard libre et poétique qui a toujours été le sien depuis ses débuts, dans la scène underground de Barcelone, dans les années 80 jusqu’à ses travaux plus récents une fois de retour dans sa Belgique natale en 2007, Il s’agit d’illustrer divers phénomènes vibratoires, l’entropie et les dynamismes intimes de la nature et des éléments physiques et chimiques en constante transformation qui la composent à travers quelques interactions entre la lumière, le son et la matière dans le temps et dans l’espace pour une interprétation libre de la théorie des cordes, de l’antimatière et de la thermodynamique.

On retrouve aussi le penchant de ce contemplatif intempestif, pour la nature dans sa subjuguante abstraction, une évasion de la réalité quotidienne au sein d’un univers parallèle qu’il estime trop souvent ignoré, une « envie d’explorer le monde millimètre par millimètre et de partager mon regard halluciné parfois autiste sur cette réalité qui tourne dos à la banalité ». « Tout ce que je capte, à l’aide de la photographie et l’optique, existe bel et bien, tels ces reflets tachés de la buée sur la fenêtre dans un bus ou l’ombre des poussières. Avec le numérique, je recrée mes propres réalités, des circuits complexes qui donnent des résultats de plus en plus proche de la nature elle-même. C’est une façon de voir le monde dans ses micro-fissures, pour tuer l’ennui, une manière de voyager n’importe où, avec ou sans ordinateur, en se laissant hypnotiser par les choses qui bougent, le mouvement pur, où y a pas de mot, pas d’humain, une forme aussi de mysticisme scientifique pied à terre. »

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