
Lors d’un premier temps de résidence en août/septembre 2025, le collectif Maladita a façonné sept saintes en papier mâché, en taille réelle : Sainte Aurélie, Sainte Nathalie, Sainte Agathe, Sainte Lucie, Sainte Christine, Sainte Cécile et Sainte Angrace.
Angèle Verbeeren, plasticienne, et Adelson Ruelle, développeur, se sont chargés de l’animation des sculptures. Ils ont conçu la structure destinée à accueillir les sept sculptures et à leur donner un mouvement circulaire (rotation sur leur axe central) en utilisant du matériel de récupération : moteurs de machine à laver, roues et chaînes de vélo, axes, courroies et palettes en bois.
Les Quilteuses de Dour (Atelier de Marie-Thérèse Faidherbe), une équipe de couturières d’Hautrage, ont confectionné les vêtements à partir des tissus trouvés au couvent : tentures, draps, étoles, napperons et velours.
Un prototype de distributeur automatique d’objets dérivés, Le Lupanar, a également vu le jour, conçu à partir de moteurs d’imprimantes, de planches et de courroies issus du couvent. Nous y consacrerons une part de ce second séjour, en créant les objets accessibles sous néons roses : bougies, porte-clés, bouteilles, préservatifs, casquettes, t-shirts, savons, reliques et bibelots à l’effigie des saintes.
Cette installation s’inspire des autels et du merchandising observé dans des villes comme Naples marquées par la religiosité, et propose une réinterprétation contemporaine de la dévotion.
Un projet d’édition naîtra des traces retrouvées au couvent : lettres, témoignages, fragments d’images et de voix des sœurs. À ces fragments d’histoire viendront se mêler le récit de notre travail de résidence, nos réflexions et une mise en parallèle du récit du martyre de nos saintes.
Ce second temps de résidence sera consacré à l’affinement du dispositif et de sa scénographie.


Prince charming
Les saintes sont réalisées en papier mâché, à l’échelle réelle. Elles sont au nombre de sept, mises en mouvement par un mécanisme motorisé et présentées dans un théâtre en carton aux allures baroques ou néoclassiques. La scène se complète d’un éclairage syncopé de néons roses fluorescents, d’une boule à facettes et de chansons disco interprétées par des voix féminines.
Pour nourrir leur travail, le duo d’artistes s’immerge dans les légendes siciliennes et fait revivre Agathe, qui refuse un homme et qu’on envoie au bordel avant qu’on ne lui arrache les seins avec une pince, et Lucie, qui préfère s’arracher les yeux plutôt que de se marier.
Sainte Nathalie et Sainte Aurélie sont également représentées, dans un esprit d’autoportrait et d’autodérision. Le projet prend racine dans des questions ludiques que les deux artistes se posent par un jour d’orage : qui sont les saintes auxquelles elles doivent leurs prénoms ? Dans quelle mesure leur imaginaire est-il habité par leurs histoires ? Quelles lignées féminines ont-elles intégrées, consciemment ou non ?
La scénographie inclut aussi une installation d’objets de dévotion disposés dans des distributeurs automatiques éclairés par des néons roses. Bougies, porte-clés, bouteilles, préservatifs, casquettes, t-shirts, savons, reliques ou bibelots à l’effigie des saints composent une célébration/commémoration contemporaine, évoquant les autels domestiques et les produits dérivés qu’on croise dans les rues de Naples ou d’autres villes fortement imprégnées de religiosité.
L’installation s’inspire du détournement propre à certains lieux touristiques comme le Vésuve ou d’autres sites de mémoire, où le poids historique ou sacré devient prétexte à la consommation. Elle prend pour titre « Lupanar », en hommage aux femmes qui peuplent le bordel situé au pied du volcan.


Maladita (Be)
Maladita est un duo d’artistes formé par Aurélie Bay et Nathalie Hannecart, plasticiennes et photographes basées en Belgique. Issues respectivement des Académies des Beaux-Arts de Charleroi et de Namur, elles cultivent une pratique hybride mêlant photographie, dessin, vidéo, installation et édition d’artistes.
Depuis plus de six ans, elles développent ensemble un travail à quatre mains, à la fois engagé, ironique et profondément ancré dans une relecture critique du féminin, des récits religieux et des mythes populaires. Leurs œuvres convoquent aussi bien l’autoportrait, la dérision et la mise en scène que des matériaux pauvres et symboliques.
Elles ont exposé en Belgique et à l’international (France, Espagne, Portugal, Brésil, Chili…) et figurent dans plusieurs collections publiques, notamment au Musée de la Photographie de Charleroi et à l’Artothèque des Chiroux à Liège. En 2023, elles reçoivent le prix « 4 mains et plus si affinité » de la galerie Vertige (Bruxelles) et, en 2024, leur livre Pedro est sélectionné pour le Prix du livre d’auteur aux Rencontres photographiques d’Arles.
Aurélie Bay (Be)
Artiste plasticienne belge née en 1981, basée à Bruxelles. Formée à la photographie, à la sculpture, au dessin et à la vidéo aux Académies des Beaux-Arts de Charleroi et de Molenbeek-Saint-Jean, elle développe une pratique transdisciplinaire, intimement liée à la liberté, au corps et au traumatisme sous toutes ses formes.
Sous l’alter ego Maladita, elle interroge avec mordant les constructions sociales du féminin, les récits de martyres, les lignées invisibles et les dispositifs de pouvoir. À travers des installations mêlant matériaux pauvres, imagerie baroque, objets de dévotion détournés et musique pop, elle met en scène des figures hybrides, grotesques ou sacrées, qui oscillent entre vulnérabilité et résistance.
Son travail a été présenté dans de nombreuses expositions en Belgique et à l’international (France, Espagne, Croatie, Canada, Portugal…), ainsi que dans des centres d’art tels que Le Vecteur, Exit11 ou La Châtaigneraie. Elle est également coautrice de plusieurs microéditions et fanzines, et a été sélectionnée au Prix de la Jeune Sculpture (2020) et au Prix du livre d’auteur aux Rencontres d’Arles (sélection 2024).
Nathalie Hannecart (Be)
Photographe belge basée à Namur, où elle vit et travaille. Après une formation initiale en philologie romane à l’UCL (1998–2003), elle s’oriente vers la photographie et obtient son diplôme à l’Académie des Beaux-Arts de Namur (2010–2019).
Son travail en photographie argentique et en procédés alternatifs (cyanotype, photogrammes) explore les traces, les palimpsestes et l’empreinte du temps dans les environnements urbains et industriels. À travers l’appareil, elle scrute les murs, s’intéressant à ce qui sourd sous la matière et à la relation entre présence et absence.
En 2015, elle co-fonde l’Atelier 22 à l’Université de Namur, un laboratoire de photographie argentique dédié aux pratiques analogiques et à la transmission, qu’elle coordonne toujours aujourd’hui.
Elle a présenté plusieurs expositions personnelles, notamment « Orfeo » au Brésil (2024) ou « La nuit remue » au Delta à Namur (2021), et participe régulièrement à des expositions collectives en Belgique et à l’international (Espagne, Croatie, Chili, Portugal, Canada…). Son travail figure dans plusieurs collections publiques, notamment à l’Arthotèque de Liège et à Émulation (Liège).
Elle développe également une pratique collaborative au sein du collectif Aspëkt et du duo Maladita, mêlant photographie, dessin, vidéo, installation et microédition.
Angèle Verbeeren (Be)
Angèle Verbeeren est étudiante à l’école supérieure des arts ARTS² (Carré des Arts) à Mons, en option arts numériques et image dans le milieu.
Passionnée par les films et les dessins animés, elle privilégie une esthétique colorée, douce, poétique et absurde. Elle s’attache à observer les petites choses du quotidien et à redonner vie aux éléments oubliés : souvenirs ou déchets.
Par ses créations en arts numériques, elle cherche à rendre ces fragments toujours plus vivants.
Informations
- 25.10 > 02.11.2025
- Transcultures – Couvant d’Hautrage
- 6 Place d’Hautrage 7334 Saint-Ghislain
Production
- Malavita, Transcultures
- Avec le soutien de la Commission des Arts Plastiques de la Fédération Wallonie-Bruxelles