Pour le centième anniversaire de Pol Bury, une série d’événements et d’expositions autour de cet artiste multi (sculpteur, peintre, illustrateur, graveur, écrivain, éditeur, cinéaste, bijoutier) indisciplinaire ont été organisés par Transcultures à La Louvière, ville où il est né en 1922.
Son œuvre dont ses sculptures-fontaines ne sont que le sommet d’un iceberg foisonnant, a traversé de grandes avant-gardes du XXe siècle (surréalisme, CoBrA, abstraction, cinétisme) sans jamais perdre de son inventivité ni de son indépendance. Un travail immense à la fois singulier et visionnaire qu’on ne cesse de découvrir.
En 1938, Pol Bury découvre, à 16 ans – un an avant de quitter le Conservatoire des Beaux-Arts de Mons et de devenir manœuvre dans une usine – le surréalisme en rencontrant, dans sa ville natale de La Louvière (Wallonie), le poète Achille Chavée avec qui il restera ami jusqu’à la mort. À l’époque le jeune Bury, marqué par le contexte de sa région, peignait encore des paysages industriels. Plus tard, il confiera que Chavée lui « fit découvrir plus que l’art : une poésie vécue où l’œuvre et la vie se regardaient l’une l’autre ».
Ensuite Bury participe à la revue L’invention collective dirigée par les plasticiens René Magritte et Raoul Ubac puis, en 1945, à l’’Exposition internationale du surréalisme de Bruxelles avant de couper le cordon, constatant que « le rêve imaginé a tourné court » et de se tourner, en 1948, vers CoBrA (acronyme des villes de résidences Copenhague, Bruxelles et Amsterdam où habitent ses créateurs en réaction contre la querelle entre abstraction et figuration), une « Internationale des artistes expérimentaux » qui évite toute théorie stérile et dogmatique dont il s’écartera toute sa vie.
Il sera plus attentif aux poètes (dont Christian Dotremont avec ses « logogrammes » et ses « peintures/dessins-mots ») qu’aux peintres sauvages, tout en nouant une amitié avec Pierre Alechinsky).
En 1951, CoBrA se saborde et Bury évolue vers une abstraction plus froide en abandonnant le tableau à deux dimensions. Il subit fortement l’influence du sculpteur-plasticien Calder (et plus particulièrement ses « mobiles », des formes animées par le mouvement de l’air) qui lui ouvre le défi de réaliser des œuvres cinétiques c’est-à-dire qui jouent avec le mouvement provoqué par les éléments naturels (le vent), le public ou encore des dispositifs technologiques-mécaniques (comme un moteur). C’est ce mécanisme déclencheur là que va choisir l’artiste louviérois pour se démarquer de son aîné américain qui privilégie des propulsions naturelles.
On sait que L’art cinétique implique généralement l’utilisation de la lumière, du mouvement et de l’illusion d’optique pour créer des œuvres d’art qui donnent l’impression de mouvement ou de changement. Les œuvres de Pol Bury qui jouent avec les déformations, illusions et transformations du egard (notamment, dès le début des années 60, dans ses différentes formes de « cinétisations » – un clin d’œil à l’art cinétique duquel il s’éloigne afin de « capturer l’illusion du mouvement dans l’immobilité des deux dimensions »1), sont caractérisées par leur simplicité et leur élégance, ainsi que par leur utilisation de la lumière (souvent naturelle) et du mouvement sous différentes formes et dispositifs.
Bury a toujours cherché à explorer les limites de l’art en utilisant des matériaux et des techniques innovantes. Il a créé des œuvres qui ont défié les conventions artistiques de son époque et ont ouvert la voie à de nouveaux développements artistiques. Ainsi il a créé des sculptures cinétiques en utilisant des matériaux tels que le métal et le verre, et en faisant de la gravité et de l’équilibre des techniques pour créer des mouvements subtils. Il a également utilisé des moteurs électriques pour créer des mouvements plus complexes.
> Lire l’article au format pdf
> Voir les différents événements proposés par Transcultures dans le cadre du Centenaire de Pol Bury (projets XR Bury et Sonic Spheres)
Turbulences Vidéo #112 - Sommaire
/// CHRONIQUES EN MOUVEMENT ///
- Que sont mes amis devenus ?, par Jean-Paul Fargier – p.8
- Nuit blanche Oxymore biblique, par Jean-Paul Fargier – p.20
- Voir. Venir., par Stephen Sarrazin – p.26
- Hypernuit, par Paul Ouazan – p.28
- Mr. Blaise scientifique, Mr. Pascal jardinier, par Élise Aspord – p.32
- Pol Bury, un parcours et une œuvre trans avant-gardistes, par Philippe Franck – p.38
- Bury dans les livres, par Philippe Franck – p.44
- XR Bury – Sonic Sphères : entre réalités et sonorités augmentées, par Philippe Franck – p.46
/// PORTRAIT D’ARTISTE : CHRISTINE GEOFFROY ///
- Entretien avec Úrsula San Cristóbal, propos recueillis par Gabriel Soucheyre – p.56 Soleil Noir, par Simone Dompeyre – p.62
- Le toucher qui attache, par Francisco González Castro – p.66
- Portrait vidéo : Úrsula San Cristóbal, par Gabriel Soucheyre – p.69
/// SUR LE FOND ///
- Que sont nos années de plomb devenues ?, par Alain Bourges – p.70
- Philipe (sollers) by Jean-Paul (fargier), par Marc Mercier – p.76
- Les oiseaux qui chantent aident les arbres à pousser, par Christiane Geoffroy – p.84 Figuration et configuration de quelques espaces insomniaques, par Claire Chatelet – p.90 Entre insolite & incongru, par Gilbert Pons – p.98
/// LES ŒUVRES EN SCÈNE ///
- « I am 60 » : Un corps, écran total, par Geneviève Charras – p.106
Production
- Les projet XR Bury et Sonic Sphère ont pris place dans le cadre du Centenaire de Pol Bury – Avec le soutien de la Ville de La Louvière, de la Loterie Nationale.
- Production : Transcultures, CiTu – Paragraphe de l’Université Paris 8, European Pepinieres of Creation
- En partenariat avec CY Cergy Paris Université, l’Institut Acte, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Europia, Maison des associations – La Louvière