
Text & Image #6 /// Pour un nouveau contrat social de lâerrance : entre Art[S], Territoire[S], Blockchain[S] et Crypto-monnaie[S]
Ce colloque International est un prolongement naturel du colloque âL’Art et les Cartographies Sensiblesâ prĂ©vu initialement en mai 2020 et annulĂ© Ă cause de la pandĂ©mie. Philippe Franck interviendra dans le forum autour de la notion d’in situationisme transculturel.
Matthieu Quiniou Ă©crit : âLa technologie blockchain permet lâhorodatage, ou plus prĂ©cisĂ©ment un estampillage certifiĂ© de transactions, dâopĂ©rations et dâĂ©vĂšnements dans un registre distribuĂ©. Dans ce systĂšme, une instance centrale dâadministration ne peut ĂȘtre suspectĂ©e dâavoir altĂ©rĂ© une information ou changĂ© une date. Il est ainsi possible dâhorodater une Ćuvre pour prouver une antĂ©rioritĂ© sans en divulguer le contenu. Dans la mĂȘme logique, il est possible dâutiliser la blockchain pour prouver lâexistence antĂ©rieure dâun savoir-faire secret ou dâun secret dâaffaires, remplir la condition liĂ©e aux mesures de protection et gĂ©rer des droits dâaccĂšs. La blockchain et plus spĂ©cifiquement les smartcontracts, câest-Ă -dire des scripts autonomes fonctionnant sur blockchain, peuvent Ă©galement ĂȘtre efficaces pour la gestion transparente et automatisĂ©e des droits de propriĂ©tĂ© intellectuelle et la fluidification du marchĂ© de ces droits grĂące Ă la tokenisation, câest-Ă -dire la titrisation modulaire par blockchainâ. (Entretien IPOCAMP Lexis Nexis, 2020) Il prĂ©cise Ă©galement dans son livre âBlockchain : LâavĂšnement de la dĂ©sintermĂ©diation ?â (-! 2019, publiĂ© en français aux Editions ISTE et en anglais aux Editions Wiley !-), p.74 âBlockchain et Internet des objets devraient par leur jonction produire des usages et permettre aux objets connectĂ©s dâinteragir entre eux sans tiers (humains ou plateformes) et de maniĂšre sĂ©curisĂ©eâ.
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Il serait donc peut-ĂȘtre judicieux Au Jour du i â au jour dâune information constituant lâessentiel de nos rapports sociaux, Ă©conomiques et politiques â de Âź-INTERPRĂTER nos relations au secret (-! bancaire, artistique, fictionnel !-) Ă lâaune de ces relations frictionnelles entretenues depuis toujours avec les transactions financiĂšres et l’argent. Et pourquoi, Ă cet effet, ne pas Âź-LIRE les blancs entre les mots de livre de StĂ©phane MallarmĂ© âUn coup de dĂ© jamais nâabolira le hasardâ (-! 1914 !-) Ă partir des Ă©tudes de Quentin Meillassoux et de son livre « Le Nombre et la SirĂšneâ oĂč il nous livre un scoop dĂ©cisif concernant la pensĂ©e de MallarmĂ©. âDe quoi s’agit-il ? Quentin Meillassoux a dĂ©couvert que le grand poĂšme testamentaire de MallarmĂ©, « Jamais un coup de dĂ©s n’abolira le hasard », est en fait codĂ©. Et que le code n’est autre que 707. Le philosophe dĂ©montre que ce nombre est prĂ©sent dans ce poĂšme si difficile sous la forme d’une charade : les deux comme si, Ă©tant Ă entendre comme la septiĂšme note de la gamme, encadrent le proche tourbillon que reprĂ©sente idĂ©alement le â0â. Le code est Ă©galement prĂ©sent dans le compte mĂȘme des mots : le poĂšme dĂ©ployant 707 mots jusqu’au verbe sacre, est complĂ©tĂ© par une morale de sept mots : Toute pensĂ©e est un coup de dĂ©sâ. (-! Philosophie Magazine N°53, Octobre 2011 !-)
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Ă partir de ces questionnements, il y aurait donc nĂ©cessairement dans cette recherche dâun nouveau contrat social, lâi+D dâun proche tourbillon Âź-CONSTRUIT Ă partir dâune errance de la forme et du code ; ce dispositif dâenchaĂźnement de lâin/visible (-! câest-Ă -dire postĂ© au seuil du visible !-) engendrant stratĂ©giquement dans / autour des Arts et de maniĂšre interdisciplinaire, une nouvelle fonction, une nouvelle rĂ©sonance du texte avec lâimage.
Comité scientifique
- Carole Brandon (Université Savoie Mont-Blanc)
- Marc Veyrat (Université Savoie Mont-Blanc)
- Richard Spiteri (University of Malta)
- Ghislaine Chabert (Université Savoie Mont-Blanc)
- Jacques Ibanez-Bueno (Université Savoie Mont-Blanc)
- Khaldoun Zreik (Université Paris
- Ghislaine Azémard (Chaire UNESCO / ITEN)
- Patrizia Laudati (Université Les Hauts de France Valenciennes)
- Pedro Andrade (Universidade do Minho Braga)
- Nasreddine Bouhaï (Université Paris)
Intervenants
Matthieu Quiniou (+Salar Shahna) | Jeux + enjeux de la jonction art numérique + blockchain
La blockchain permet de restructurer le marchĂ© de lâart dans lâĂ©conomie numĂ©rique et ouvre de nouvelles opportunitĂ©s pour les artistes numĂ©riques et les artistes de lâĂ©phĂ©mĂšre. La blockchain, tout particuliĂšrement les jetons non-fongibles permettent de crĂ©er des marqueurs de raretĂ© pour des Ćuvres ne bĂ©nĂ©ficiant pas dâun support matĂ©riel et ainsi de les rendre collectionnables et plus facilement Ă©changeables sur le marchĂ© de lâart.
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Au-delĂ des enjeux pour le marchĂ© de lâart numĂ©rique, la blockchain est devenue un terrain de jeu et de nouvelles expĂ©riences crĂ©atives pour les artistes travaillant sur la relation entre les mondes physique et virtuel, sur le rapport de lâĆuvre Ă sa raretĂ© ou sa monĂ©tisation, sur les Ćuvres programmables ou encore sur le rapport entretenu entre le spectateur Ă la symbolique de lâĆuvre.
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Lâintervention sera lâoccasion dâexpliquer les fonctionnalitĂ©s de la blockchain comme outil pour lâartiste dans la protection de sa crĂ©ation et sa monĂ©tisation et de prĂ©senter plusieurs Ćuvres exploitant le potentiel de cette technologie de maniĂšre originale.
Matthieu Quiniou est MCF en SIC Ă lâUniversitĂ© Paris 8, Docteur en droit et Avocat au Barreau de Paris, il est membre du Laboratoire CiTu – Paragraphe et Chercheur AssociĂ© Ă la Chaire UNESCO – ITEN (UniversitĂ© Paris 8 / FMSH). Il travaille sur les enjeux Ă©thiques, juridiques, sociĂ©taux et artistiques du numĂ©rique liĂ©s Ă la blockchain et Ă lâintelligence artificielle et participe au projet i-REAL.
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Salar Shahna est directeur du World XR Forum Ă Crans-Montana (CH) qu’il a fondĂ© en 2016 (World VR Forum puis World XR Forum en 2019). RĂ©alisateur de films VR, de films documentaires et de fictions, il dirige Ă©galement la sociĂ©tĂ© de production Dirty Bacon.
Marc Veyrat I Matthieu Quiniou I Khaldoun Zreik | Blockchain: What Else?
La technologie blockchain au service de l’Art, l’exemple du projet [AMZ]U-P
Lâacte dâappropriation est avant tout une information socio-juridique. Câest Ă la fois une reconnaissance sociale et une protection juridique. Alors que pouvoir possĂ©der est une information Ă©conomico-juridique. ComplĂ©tude, vĂ©racitĂ©, vĂ©rifiabilitĂ© et discrĂ©tion sont des conditions nĂ©cessaires pour valider un acte dâappropriation. Contrairement aux idĂ©es reçues, la multiplicitĂ© des intermĂ©diaires gĂ©rant une telle information augmente Ă la fois sa vulnĂ©rabilitĂ© juridico-Ă©conomique (authenticitĂ©) et la complexitĂ© de sa gestion et conservation. Ces vulnĂ©rabilitĂ©s souvent implicites ou non dites, affectent sĂ©rieusement les transactions, surtout sur lâespace numĂ©rique, et les acquisitions de biens immatĂ©riels tels que les Ćuvres dâart numĂ©rique dont le modĂšle Ă©conomique penne depuis leur existence officielle (dĂ©but des annĂ©es 60, rĂ©f Bernard Caillaud). La difficultĂ© majeure rĂ©side dans la dĂ©finition de lâacte dâappropriation dâune Ćuvre numĂ©rique, de son authenticitĂ© et de son unicitĂ©. Cette complexitĂ© est due au nombre Ă©levĂ© dâintermĂ©diaires hĂ©tĂ©rogĂšnes…
Khaldoun Zreik est Professeur en Sciences de lâInformation et de la Communication, UniversitĂ© Paris 8 / Directeur du DĂ©partement HypermĂ©dia (UFR MITSIC), UniversitĂ© Paris 8 / Responsable scientifique du Groupe de recherche CITU- Paragraphe (Cybermedia, Interactions, TransdisciplinaritĂ© & Ubiquitous), Laboratoire Paragraphe, University of Paris 8 / Co-directeur du Master NET (NumĂ©rique : Enjeux et Technologies):, University Paris 8 / PrĂ©sident du comitĂ© directeur du GIS H2H.Lab / PrĂ©sident de la commission pĂ©dagogique de lâUFR MITSIC / Co-rĂ©dacteur en chef de la revue RIHM (Revue des Interactions Humaine MĂ©diatisĂ©es), Ed. Europia., Paris / Co-rĂ©dacteur en chef de la revue IJDST (International Journal of Design Sciences and Technology), Ed. Europia, Paris…
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Marc Veyrat est Artiste / MaĂźtre de ConfĂ©rence en Sciences de l’Art et Directeur du DĂ©partement Communication HypermĂ©dia Ă l’UniversitĂ© Savoie Mont-Blanc / Chercheur AssociĂ© Ă la Chaire UNESCO – ITEN (UniversitĂ© Paris 8 / FMSH) et membre de CiTu – Paragraphe (UniversitĂ© Paris avec lequel il dĂ©veloppe actuellement le projet i-REAL (89/92 R&D / Pixelpirate / Transcultures…)
Richard Spiteri | Philippe Sollers / Origines et répercussions du secret.
Philippe Sollers raconte, selon son point de vue, lâenvers de lâhistoire nĂ©o-contemporaine. Sous le couvert dâĂ©changes internationaux se dĂ©chaĂźne la criminalitĂ© : trafic de drogues, trafic humain, etc. Parfois la criminalitĂ©, propulsĂ©e par des desseins politiques sinistres, fait irruption dans lâactualitĂ©, de maniĂšre spectaculaire, comme ce fut le cas de la tentative dâassassinat contre le pape Jean-Paul II.
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Lâauteur expose le nihilisme de lâOccident. Lâorigine de la vie sâenveloppe dans un mystĂšre tandis que, dans des cliniques aujourdâhui, les mĂ©decins, au moyen de leurs expĂ©riences, profanent le secret de la crĂ©ation. MalgrĂ© lâomniprĂ©sence des magnats de la finance et des chefs dâĂtat, lâauteur est persuadĂ© que le vrai enjeu de notre existence est spirituel. DĂšs lâaube de la civilisation, une guerre secrĂšte a lieu qui rĂ©duit lâennemi Ă lâimpuissance.
Richard Spiteri est Professeur dans le DĂ©partement de LittĂ©rature Française de l’UniversitĂ© de Malte. Co-Fondateur du cycle de colloques TEXTE & IMAGE, il participe activement depuis 2011 Ă son rayonnement international.
Jacques Ibanez-Bueno |Interactions user equipped with a helmet and the interactive contents proposed
Ă partir dâĆuvres artistiques en rĂ©alitĂ© virtuelle, il sâagit de questionner ici les caractĂ©ristiques des interactions entre lâusager muni dâun casque et les contenus interactifs proposĂ©s. Les cas rĂ©els choisis et observĂ©s sont des situations oĂč les artistes et designers numĂ©riques se sont inspirĂ©s de la peinture figurative. Cette source dâinspiration permet dâĂ©laborer dâautant plus facilement une relecture de concepts phĂ©nomĂ©nologiques, eux-mĂȘmes appliquĂ©s initialement Ă la peinture (Merleau-Ponty : 1964).
Jacques Ibanez Bueno est professeur titulaire au DĂ©partement Communication et HypermĂ©dia – Groupe de Recherche LLSETI – UniversitĂ© Savoie Mont-Blanc. Il a Ă©tĂ© chercheur invitĂ© Ă l’UniversitĂ© du Texas du Nord, professeur associĂ© Ă l’UniversitĂ© de Bourgogne et professeur assistant Ă la Suisse – FacultĂ© d’Ă©ducation et de psychologie, UniversitĂ© de GenĂšve. Il travaille sur les mĂ©thodes visuelles et hypermĂ©dia, la sĂ©miotique appliquĂ©e Ă la communication interactive et les implications corporelles dans les processus de communication.
Hammou Fadili | IntĂ©gration de lâIA, du Deep Learning et de la Blockchain dans le jeu i-REAL
Dans cette communication puis dans l’article final, nous proposerons une description de lâĂ©tat de rĂ©flexion et dâavancement dâun projet de mise Ă jour et dâactualisation du jeu i-REAL. Le but est de mettre en place une nouvelle version des rĂšgles du jeu intĂ©grant lâIA, le Deep Learning et la Blockchain. GrĂące Ă ces technologies, des modĂšles dâanalyse et dâinterprĂ©tation des donnĂ©es multimodales relatives aux cartes taguĂ©es seront mis en place pour reconnaitre et dĂ©couvrir les clĂ©s du coffre dispersĂ©es dans les images et les textes associĂ©s permettant dâouvrir des portefeuilles en crypto-monnaie, dâune part, et dâautre part, pour gĂ©nĂ©rer des Ă©lĂ©ments cohĂ©rents des mondes en VR en fonction des profils utilisateurs (joueurs).
Hammou Fadili est intĂ©grĂ© au PĂŽle Recherche de la FMSH, Fondation Maison Sciences de l’Homme, Paris / Equipe CiTu – Paragraphe de Paris 8
Philippe Franck | Alter audio nomadisme et in situationisme créatifs
A partir de lâexpĂ©rience pionniĂšre de Transcultures, Centre interdisciplinaire des cultures numĂ©riques et sonores et du festival international des arts sonores City Sonic quâil a créé en Belgique, ainsi que du rĂ©seau dâarts contemporains des PĂ©piniĂšres europĂ©ennes de CrĂ©ation quâil dirige, Philippe Franck analyse certaines pratiques crĂ©atives nomades contextuelles (notamment Ă partir de la notion de parcours) rĂ©centes avec le son et le numĂ©rique en trait dâunion dynamique entre des (non)lieux, (dĂ©-re)territorialisations, (micro)communautĂ©s et (in)disciplines. Il trace les traits principaux dâune forme dâin situationisme transculturel, un art de la dĂ©rive connectĂ©e, engagĂ© dans son intime singularitĂ© et un certain (rĂ©)enchantement poĂ©tique des relations topos/logos/tekhnĂš, Ă lâinverse des modĂšles hyper spectaculaires dominants.
Historien de lâart, concepteur et critique culturel, producteur, crĂ©ateur sonore et intermĂ©diatique, Philippe Franck est directeur/fondateur de Transcultures, Centre des cultures numĂ©riques et sonores (Mons, Belgique), du festival international des arts sonores City Sonic (depuis 2003) et des TransnumĂ©riques, biennale des cultures numĂ©riques (depuis 2005). Il a Ă©té commissaire artistique de nombreuses autres manifestations dâarts contemporains, audio, hybrides et numĂ©riques en Europe et Ă lâinternational. Depuis 2018, il est Ă©galement directeur des PĂ©piniĂšres europĂ©ennes de CrĂ©ation.
Par ailleurs, il enseigne Ă©galement les arts numĂ©riques et lâanalyse des mĂ©dias et multimĂ©dias Ă lâEcole SupĂ©rieure des Arts Saint-Luc (Bruxelles) et la crĂ©ation sonore Ă lâAcadĂ©mie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles et Ă lâEcole SupĂ©rieure des Arts Visuels de Mons Arts2.
Anaïs Bernard | Errance et résilience, l'invisibilité rendue visible
La trace Ă©merge dans l’espace, mais Ă©galement dans le temps, dĂ©butant une histoire. Elle est le tĂ©moin d’un moment Ă©coulĂ©, qui n’est plus. La trace apparaĂźt comme la base indispensable Ă la construction de l’histoire, de toute histoire. A travers des Ćuvres contemporaines, nous errerons sur les traces de l’invisible rendue visible, comme acte de rĂ©silience.
AnaĂŻs Bernard est MaĂźtre de ConfĂ©rence en Sciences de l’Art Ă l’UniversitĂ© Catholique d’Angers (UCO)
Nadia Kaaouas & Sabrina Mazigh | Le tatouage 'ethno-culture' Ă lâĂšre numĂ©rique
Nous proposons de dĂ©finir la notion dâethno-culture en tant que projection symbolique et sĂ©miologique des caractĂ©ristiques du /des tatouages notamment de ses conceptions patrimoniales culturelles. Le tatouage sâinscrit dans le cadre de pratiques socioculturelles et rituelles ancestrales. De maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale, les ornements et les motifs des parties corporelles, des objets « ethniques » sont des images mĂ©taphoriques de lâunivers tel quâil a Ă©tĂ© imaginĂ© par les ancĂȘtres. La forme, le systĂšme de proportions et le choix des matĂ©riaux sont ainsi constitutifs dâimages ethnoculturelles créées en lien avec une pensĂ©e mythologique. Les tatouages ethniques sont alors vus comme porteurs des propriĂ©tĂ©s suivantes : figurer un message marquĂ© par la subjectivitĂ© de lâartisan, devenir une projection symbolique de la cosmogonie et donner des pouvoirs spĂ©ciaux et des connaissances au porteur du symbole dessinĂ© ou tatouĂ©. Ces formes, ces dessins, ces tatouages sont revalorisĂ©s dans le cadre de leur mise en relation avec les humanitĂ©s numĂ©riques. Ces images et symboles « ethniques » Ă©troitement liĂ©s aux reprĂ©sentations traditionnelles, culturelles sont utilisĂ©s autrement Ă travers une mĂ©diation numĂ©rique (rĂ©seaux sociaux) alliant image et texte pour une mise en valeur de la culture patrimoniale berbĂšre.
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Si le tatouage est une forme de lien au sein dâune sociĂ©tĂ©, il doit traduire le sens de ce lien, au confluent de la culture e et du social, de la culture et de lâart. Doit-on en conclure que chaque gĂ©nĂ©ration est reliĂ©e par le mĂȘme mode de vie ? de symboles ? Les profondes mutations liĂ©es aux humanitĂ©s numĂ©riques ont Ă©galement impactĂ© lâactivitĂ© des tatoueurs « praticiens » et des tatouĂ©s). Ces derniers peuvent en effet sâappuyer sur des procĂ©dĂ©s oĂč le numĂ©rique occupe une place importante, par exemple lorsquâest rĂ©alisĂ©e une impression par laser, dimensions 3D, etc. Le numĂ©rique est utilisĂ© dans le design et la production de nouvelles formes et images dont la dimension ethnique est liĂ©e Ă lâidentitĂ© berbĂšre.
Mots-clés : tatouage, approche ethnoculturelle, réseaux sociaux, image et symbole ; humanités numérique.
Nadia Kaaouas est Professeur AssociĂ© Ă l’UniversitĂ© Hassan II de Casablanca oĂč elle organise fin 2011 le colloque HyperHĂ©ritage 7 en partenariat avec l’UniversitĂ© Paris 8.
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Sabrina Mazigh est doctorante Ă l’UniversitĂ© Hassan II de Casablanca et Ă l’UniversitĂ© Paris 8 dans le Laboratoire CiTu – Paragraphe.
Gaëtan Le Coarer | 'Ce qui reste' : Elliptic Spaces in Malta.
Comme Ă la fin du 1er Ă©pisode e la saison 1 de Leftovers, est-ce que les signatures du vivant, leur prĂ©sence au monde – en interfĂ©rences avec la machine qui produit ses usages – ne seraient que les ârestesâ in/visibles de ces corps qui Ă©mergent du Noir ?-)
GaĂ«tan Le Coarer est Doctorant en Sciences de lâInformation et de la Communication & Sciences de lâArt Ă l’UniversitĂ© Savoie Mont-Blanc, dans le Laboratoire LLSETI. Sa thĂšse âBande DessinĂ©e et RĂ©alitĂ© Mixte, vers de nouveaux espaces de narrationâ est rĂ©alisĂ©e sous la direction de Ghislaine Chabert et Marc Veyrat. Au travers dâune mĂ©thodologie de recherche crĂ©ation et sur lâĂ©tude des usages, il conçoit un projet de narration interactive en rĂ©alitĂ© mixte (XR) intitulĂ©e AN DOMHAN.
argumentaire et questions
A lâinstar de la photographie, le cinĂ©matographe ou la vidĂ©o, les casques de rĂ©alitĂ© virtuelle et les tĂ©lĂ©phones portables transforment nos pratiques courantes autant que la maniĂšre de percevoir le monde. Leurs couplages dĂ©sormais possibles avec lâordinateur et internet accĂ©lĂšrent les dĂ©multiplications de nouveaux espaces Ă expĂ©rimenter, imaginables en temps rĂ©el et modulables. Lâhybridation spatio-temporelle, annoncĂ©e en 1998 par Edmond Couchot au tout dĂ©but de lâĂ©mergence de cet art nommĂ© Ă©trangement technologique (comme si il se rĂ©duisait Ă une question de technicitĂ© et de mĂ©dium) semble fonder les spĂ©cificitĂ©s des relations espaces-temps rĂ©solument nouvelles que proposent les dispositifs connectĂ©s.
Les expĂ©rimentations et innovations actuelles ont lâintĂ©rĂȘt primordial dâĂȘtre prĂ©sents dans tous les domaines de la sociĂ©tĂ© permettant dâacquĂ©rir des quantitĂ©s impressionnantes de donnĂ©es, de manipuler des informations instantanĂ©ment, une maniĂšre de sâemparer du monde Ă 360°, dâagir au coeur de la matiĂšre et de voyager dans des univers jusquâalors inaccessibles et inconcevables.
Dans le mĂȘme temps, nous nous heurtons Ă plusieurs phĂ©nomĂšnes : le premier est dâabord une non appropriation de ces technologies XR (extended realities XR ou extented reality dĂ©signe lâensemble des environnements combinant le virtuel, le numĂ©rique et le matĂ©riel gĂ©nĂ©rĂ© par des technologies) par les usagers, dont le manque dâintĂ©rĂȘt provient du fait de cantonner les fonctions et buts de ces casques immersifs aux jeux vidĂ©os, aurĂ©olĂ©s en plus, dâune croyance liĂ©e Ă la complexitĂ© de la technique. Le deuxiĂšme est ce stockage massif de donnĂ©es (comme les dĂ©buts de la photographie ou du CD-Rom) dont nous produisons plus facilement des rĂ©pertoires quantitatifs voire des Ă©lĂ©ments de surveillance, sans parvenir Ă scĂ©nariser et rendre accessible ces matĂ©riaux qualitativement.
Et puis, comme lâĂ©crit trĂšs justement Jean Baudrillard, « la simulation part Ă lâinverse de lâutopie du principe dâĂ©quivalence, part de la nĂ©gation radicale du signe comme valeur, part du signe comme rĂ©version et mise Ă mort de toute rĂ©fĂ©rence. » (Baudrillard, 1981)
Par peur dâun Ă©loignement et bouleversement de nos rĂ©fĂ©rents, la rĂ©alitĂ© virtuelle semble se cantonner justement Ă hypertrophier nos repĂšres habituels, une hyperrĂ©alitĂ© pour ne pas nous perdre. Les modĂ©lisations se piĂšgent dans les affres de la ressemblance, rĂ©duisant les potentiels Ă un dĂ©calquage hyperrĂ©aliste du monde. Les espaces proposĂ©s renforcent les reprĂ©sentations et « le rĂ©el est dĂ©jĂ mort mais ressuscitĂ© dâavance. » (Baudrillard, 1981)
Si les rĂ©alitĂ©s mixtes se destinent principalement aujourdâhui Ă des usages marketing pour animer nos expĂ©riences individuelles et spectaculaires dans les lieux de loisirs ou des magasins, alimentant ainsi la smart surveillance, elles permettent Ă©galement de rĂ©inventer nos habitudes spatiales et corporelles par dâĂ©tonnantes et inĂ©dites expĂ©riences ;
Justement, elles nous intĂ©ressent ici dans leurs spĂ©cificitĂ©s spatiales, de leur dĂ©finition premiĂšre en 1994, dâĂȘtre « n’importe quel endroit se situant entre les extrĂȘmes du continuum de virtualitĂ© » (Milgram, Kishino, 1994). Comme le prĂ©cise J.-F. Lucas, « Il y aurait donc, entre l’environnement rĂ©el d’un cĂŽtĂ© et l’environnement virtuel de l’autre, un continuum d’Ă©tats intermĂ©diaires que ces auteurs englobent sous le terme de rĂ©alitĂ© mixte. Contrairement aux autres dĂ©finitions, la rĂ©alitĂ© mixte ne fait pas rĂ©fĂ©rence Ă un Ă©tat spĂ©cifique ou mĂȘme Ă un dispositif prĂ©cis, mais Ă un ensemble de possibles.» (Lucas, 2012)
Cet ensemble de possibles qualifie autant lâexpĂ©rience individuelle que lâhybridation de zones hĂ©tĂ©rogĂšnes dans un continuum sans fin. Cette dilatation dâespaces-temps ouvre la scission propre Ă Didi-Huberman oĂč Ă©crit-il agissent les figurabilitĂ©s, « nous comprenons que le dĂ©faut, la dĂ©chirure, fonctionne dans le rĂȘve comme le moteur mĂȘme de quelque chose qui serait entre le dĂ©sir et la contrainte – le dĂ©sir contraignant de figurer. Figurer malgrĂ© tout donc forcer, donc dĂ©chirer. Et, dans ce mouvement contraignant, la dĂ©chirure ouvre la figure, Ă tous les sens que pourra prendre ce verbe. Elle devient comme le principe et lâĂ©nergie mĂȘme – suscitĂ©s par lâeffet de dĂ©chirure, Ă savoir lâabsence – du travail de figurabilitĂ©. » (Didi-Huberman, 1990).
Nous interrogerons avec les rĂ©alitĂ©s mixtes, cet entre-espace dans leurs possibilitĂ©s de rendre visible les fonctionnements des dispositifs, dont la cartographie nâest paradoxalement plus la reprĂ©sentation dâun territoire mais bien le rĂ©sultat dâune expĂ©rience vĂ©cue au sein du dispositif.
Ce que Marc Veyrat nomme eSPACE Ă la fois lieu hybride et nouveau territoire, un entre-espace constituĂ© dâune infinitĂ© dâespaces Ă rĂ©alitĂ©s mixtes. La particularitĂ© de lâeSPACE (au delĂ de son Ă©criture mĂȘme qui propose bien un point de scission dans des emboitements) demeure les stratifications, parce que « la rĂ©alitĂ© mixte forme un composite spatial fait de lâhybridation dâun espace physique et numĂ©rique. Lâespace de la rĂ©alitĂ© mixte nâest pas lâaddition dâun espace physique et dâun espace digital, mais le vortex qui nait des flux interactionnels gĂ©nĂ©rĂ©s par les rencontres entre individus. » (Lucas, 2012).
En agissant dans le dispositif, les rĂ©vĂ©lations spatio-temporelles, seraient un mĂ©lange possible justement entre lâespace comme rĂ©gion dâintimitĂ© (du dedans) et les espaces dâhostilitĂ©s, pour reprendre Gaston Bachelard. Lâentre-deux proposerait une appartenance affective aux deux en investissant le sujet. Michel Foucault lâanalyse comme espace extĂ©rieur et localisable (du dehors) qui ne sâoppose pas mais neutralise les hĂ©tĂ©rotopies : « Nous sommes Ă un moment oĂč le monde sâĂ©prouve, je crois, moins comme une grande vie qui se dĂ©velopperait Ă travers le temps que comme un rĂ©seau qui relie des points et qui entrecroise son Ă©cheveau ». (Foucault, 1967)
Ces espaces relationnels seraient ainsi uniquement visibles et expĂ©rimentables dans un contexte particulier Ă rĂ©alitĂ©s mixtes, dont lâoeuvre dĂ©voilerait le fonctionnement et les mises en liens sous forme de cartographies particuliĂšres, que nous nommons sensibles parce quâ« il existe pourtant une conjonction de paramĂštres sociaux, esthĂ©tiques, neuroscientifiques et anthropologiques, qui laisse espĂ©rer, au contraire, que lâexpĂ©rience sensorielle au travers des casques de rĂ©alitĂ© virtuelle sera Ă mĂȘme de bouleverser […] la hiĂ©rarchie des sens telle quâelle prĂ©domine dans les civilisations occidentales » (TsaĂŻ, 2016).
Câest justement sur ces modalitĂ©s de crĂ©ation et utilisation de donnĂ©es ainsi que sur des propositions scĂ©narisĂ©es de mises en relations inĂ©dites, que nous souhaitons interroger des espaces et lieux hĂ©tĂ©rotopiques (des lieux dont le but est de faire communiquer des espaces) et hĂ©tĂ©rochroniques comme certains espaces publics, des musĂ©es, des sites patrimoniaux et ici Ă ChambĂ©ry le MusĂ©e (jardin et maison) des Charmettes. DĂ©sormais intouchables, certains sites ou espaces publics semblent figĂ©s, garant et tĂ©moin de leurs histoires (dans tous les sens du terme). Ainsi, les rĂ©alitĂ©s mixtes permettent-elles de questionner, dĂ©tourner, ouvrir ces lieux protĂ©gĂ©s, marquĂ©s entre temps et espaces.
Parce quâaujourdâhui si les expĂ©riences Ă rĂ©alitĂ©s mixtes sont proposĂ©es par des musĂ©es (les japonais TeamLab ou lâimmensitĂ© des peintures de Vincent Van Gogh au Grand Hall de la Villette Ă Paris, The Rain Room au County Museum of Art de Los Angeles, lâInfinity Mirror Room de Yayoi Kusama au Victoria Miro Museum de Londres pour ne citer quâeux, elles demeurent spectaculaires et plus proches de productions de loisirs que de dĂ©marche artistique. En effet, âil ne sâagit pas nĂ©cessairement de nous proposer une « image » du monde telle que lâartiste le verraitâmieux ou de maniĂšre plus sensibleâ, mais de nous donner peut-ĂȘtre lâoccasion effective dâexpĂ©rimenter cette « vision » du monde qui nous entoure.â (Beaufort, 2007)
Questions
Comment interroger les potentiels dâextension et de mises en application dâexpĂ©riences de dispositifs hybrides Ă partir de lâart ? Activant, Ă elles seules, des cartographies impossibles Ă obtenir autrement, comment des oeuvres dĂ©voilent de nouvelles perceptions de ces lieux et comment rejouent-elles les rĂŽles des interfaces. Nous dĂ©fendrons lâhybridation dâespaces-temps visibles sous forme de cartographies sensibles, voire sensorielles non pas comme reprĂ©sentations mathĂ©matiques ou quantitatives des mouvements et vagabondages lors de lâexpĂ©rience, mais au contraire Ă travers la possibilitĂ© de rendre visible des liens, des contenus, des systĂšmes, des espaces, des donnĂ©es, des formes, lâAutre⊠créés lors de ces expĂ©riences.
âNous avons besoin dâune mĂ©trique topologique qui envisage une substance sociale du monde dont la trame de base soit capable dâenregistrer les transformations des rapports entre les acteurs. LâexpĂ©rimentation vise donc Ă restituer cartographiquement une spatialitĂ© sociĂ©tale, câest-Ă -dire un monde non plus constituĂ© par la terre, les mers, les continents, les Ătats…, mais par des ĂȘtres humains, par des collectivitĂ©s, qui mĂ©tamorphosent les Ă©lĂ©ments dâimmanence en espace habitĂ©â. (Sloterdijk, 2005)
Alors, ces cartographies ne seront plus dĂ©sormais la reprĂ©sentation dâun monde mais la rĂ©vĂ©lation dâun fonctionnement, rĂ©vĂ©lant aux usagers en temps rĂ©el une tout autre maniĂšre de concevoir, anticiper, Ă©laborer ces espaces avec de toutes nouvelles capacitĂ©s dâapprĂ©hension.
Ainsi, nous souhaiterions aborder ces cartographies sensibles et les rĂŽles des interfaces par 3 axes : comment rendre compte dâune expĂ©rience entre lieu physique et dispositifs Ă rĂ©alitĂ©s mixtes par :
- valorisation et proposition de nouveaux usages et potentiels des réalités mixtes face à des organisation spatiales et lieux architecturaux difficilement exploitables car protégés, invisibilisés ou au contraire hypermédiatisés
- importance des scénarisations des données et des rÎles de la fiction dans les dispositifs à réalités mixtes
- nĂ©cessitĂ© de prendre en compte nos corps en prĂ©sence et nos rĂ©actions Ă©motionnelles oĂč les spectateur.trice.s repensent et accĂšdent Ă la comprĂ©hension de leur environnement en temps rĂ©el en le construisant :
- dâabord par la modĂ©lisation virtuelle dâespaces Ă©laborĂ©s Ă partir de leurs dĂ©placements (du portable Ă la motion capture en passant par lâhologramme par exemple)
- ensuite par lâappropriabilitĂ© et lâenrichissement des contenus dont seuls des univers virtuels et des technologies inventives donneraient accĂšs.
Carole Brandon / 2019
Informations
- 01.09 > 03.09.2021
- Malta Society of Arts
- Contact : Résumés & Abstracts > Marc Veyrat, marc.veyrat@univ-smb.fr
- Voir le programme complet
- artsmalta.org
Production
- Ce colloque est organisĂ© par l’UniversitĂ© Savoie Mont-Blanc / le Laboratoire LLSETI, l’UniversitĂ© Paris 8 / le Laboratoire CiTu – Paragraphe et EUR Artec, l’University of Malta
- Avec le soutien de / en partenariat avec 89/92, Pixelpirate, la SociĂ©tĂ© i MatĂ©riel, Nympheaâs Survey, le DĂ©partement Communication HypermĂ©dia – USMB / Transcultures – PĂ©piniĂšres EuropĂ©ennes de CrĂ©ation