28.06 > 02.07.2023 | Sculptures documentaires de Pierre Larauza (Fr) | Le Carreau du Temple (Fr)

28.06 > 02.07.2023 | Sculptures documentaires de Pierre Larauza (Fr) | Le Carreau du Temple (Fr)

Dans ses sculptures documentaires, Pierre Larauza interroge le geste sportif à travers l’art, liant histoire, hommage et combats.

Deux oeuvres de la sĂ©rie (que Transcultures soutien depuis plusieurs annĂ©es), 20 février 1998, Nagano et 20 octobre 1968, Mexico seront exposĂ©es au Carreau du Temple dans le cadre du festival Jogging 2023.

Sculptures documentaires

Avec cette recherche, l’artiste français dĂ©veloppe une oeuvre tridimensionnelle profondĂ©ment ancrĂ©e dans le rĂ©el : un processus qu’il qualifie de « sculpture documentaire ». Ce travail critique d’investigation du rĂ©el prend la forme de reconstitutions historiques grandeur nature reproduisant la trajectoire de mouvements physiques mass-mĂ©diatisĂ©s qui l’ont particuliĂšrement marquĂ© : d’un geste sportif culte Ă  une bavure policiĂšre raciste. Des mouvements iconiques symboles d’invincibilitĂ©, d’inventivitĂ©, d’iniquitĂ© ou encore d’interdit. Selon un procĂ©dĂ© de dĂ©composition du mouvement et un travail d’enquĂȘte (rencontre des protagonistes, analyse d’archives…), ses oeuvres figent dans l’espace-temps une seconde emblĂ©matique de ces Ă©vĂšnements. Qu’il s’agisse d’un mouvement record, d’une invention chorĂ©graphique, d’un mouvement interdit ou d’un mouvement raciste, ces sculptures Ă©voluent au fil des enquĂȘtes menĂ©es, transformant les Ɠuvres en processus et, inversement, ces processus en Ɠuvres.

AttachĂ© Ă  la dimension participative pour certaines de ses oeuvres, Pierre Larauza a, par exemple, créé pour la ville de Bruxelles une sculpture urbaine pĂ©renne au croisement de l’art, du sport et du documentaire. InaugurĂ© en septembre 2021 en prĂ©sence de Mike Powell, ce dispositif permet Ă  tout un chacun de se mesurer Ă  la dĂ©mesure du record du monde de saut en longueur.

Pierre Larauza est Ă©galement impliquĂ© dans la recherche universitaire : sa thĂšse de doctorat en Art et Sciences de l’Art questionne ainsi l’intersection entre la sculpture et une approche documentaire. Au travers de l’hypothĂšse d’un « rĂ©cit plastique nĂ©o-factuel », il analyse les enjeux esthĂ©tiques et critiques d’une telle pratique tridimensionnelle d’investigation du rĂ©el.

Pierre Larauza a par ailleurs publiĂ© sur l’hybriditĂ© spectatorielle de la danse au musĂ©e (Geuthner, 2019) ou sur l’approche syncrĂ©tique de Cindy Sherman (Koregos, 2020). Intervenant extĂ©rieur Ă  l’AcadĂ©mie royale des beaux-arts de Bruxelles (modules 2016 et 2018), il s’investit par ailleurs depuis 2016 dans un projet transculturel au Vietnam dont l’ambition est de constituer Ă  long terme une base d’expĂ©riences et de rĂ©flexions non-ethnocentrĂ©es. Dans ce cadre-lĂ , il donne des workshops d’installation et de sculpture Ă  l’UniversitĂ© des beaux-arts de HĂŽ Chi Minh-Ville.

20 février 1998, Nagano

La sculpture documentaire « 20 février 1998, Nagano » reconstitue grandeur nature le célèbre saut périlleux arrière de la patineuse artistique française Surya Bonaly lors des Jeux olympiques à Nagano. Exploit qui, depuis, est devenu pour beaucoup l’icône du combat d’une femme, d’une minorité ou d’une différence. A noter que Surya Bonaly sera la marraine des ces prochains Championnats du Monde.

Lors des jeux olympiques de 1998 à Nagano, la patineuse française Surya Bonaly défe les membres du jury en effectuant un salto arrière interdit en compétition. Un mouvement prodigieux qu’elle offre symboliquement au public. Bien qu’en réalité, elle n’enfreint pas le règlement en atterrissant sur une seule jambe, elle sera néanmoins reléguée à la onzième place du programme long. Depuis, aucun sportif, féminin ou masculin n’a réalisé cette fgure extrême en compétition.

Par ailleurs, Surya Bonaly reste la seule personne à avoir accompli un saut périlleux arrière en se réceptionnant sur un seul pied, donnant son patronyme à ce saut : le « Bonaly ». Ce mouvement qui clôturera sa carrière de compétitrice est le geste symbolique d’une athlète noire dans l’un des sports les plus blanc qui soit. Un sport dans lequel elle n’a jamais cessé d’essayer de repousser les limites mais où son style athlétique et sa musculature, marqués par ses origines de gymnaste, n’épousaient pas les canons de beauté en vigueur à l’époque dans le patinage artistique.

Dans la lignée des travaux du français Etienne-Jules Marey ou du photographe britannique Eadweard Muybridge, célèbres pour leurs recherches sur la décomposition du mouvement, la conception de la sculpture 20 février 1998, Nagano a demandé une analyse extrêmement précise du mouvement réalisé par Surya Bonaly. La trajectoire des patins à glace a été décomposée en une série de positions dans l’espace tridimensionnel (et dans le temps) avant d’être matérialisée à nouveau au sein de l’Ɠuvre.

Surya Bonaly

Surya Bonaly est une patineuse artistique née le 15 décembre 1973 à Nice (Alpes-Maritimes). Elle a été neuf fois championne de France en solo (de 1989 à 1997) et une fois championne de France en couple en 1989 et a remporter un multitude de prix internationnaux dont huit médailles mondiales (patinage artistique et tumbling confondus).

lire aussi : 20 ans aprĂšs – 1991 : Surya Bonaly dĂ©croche l’or aux Championnats d’Europe de patinage artistique

20 octobre 1968, Mexico

Le 20 octobre 1968 aux Jeux olympique de Mexico, un sauteur en hauteur dĂ©joue les conventions en proposant un mouvement inĂ©dit issu d’une transgression presque chorĂ©graphique. AprĂšs concertation, les juges homologuent le saut. L’amĂ©ricain Dick Fosbury, 21 ans, est sacrĂ© champion olympique.

Cette sculpture de mouvement, décompose le geste de Fosbury et nous le laisse entrevoir dans toute sa complexité plastique. A noter que ce projet a également donner lieu à une performance de Pierre Larauza and Emmanuelle Vincent (t.r.a.n.s.i.t.s.c.a.p.e).

Pierre Larauza

Artiste français, Pierre Larauza vit et travaille à Bruxelles depuis 2003. Sculpteur, architecte et chorégraphe, il est également chercheur en art (docteur en Art et sciences de l’art – ULB). Son travail artistique a l’ambition de faire se rencontrer l’art et le sport dans une démarche documentaire et ludique.

Pierre Larauza dédie sa vie à l’exploration artistique du mouvement au travers de son travail de sculpture et de ses spectacles et flms de danse présentés dans plus de vingt-cinq pays (au sein de la Compagnie t.r.a.n.s.i.t.s.c.a.p.e, en collaboration avec la danseuse et chorégraphe Emmanuelle Vincent). En plus de ses crĂ©ations et de ses recherches thĂ©oriques, Pierre Larauza est Ă©galement co-fondateur de MĂĄy xay sinh tố, un laboratoire interdisciplinaire et transculturel basĂ© au Vietnam fondĂ© en 2016 avec les artistes Emmanuelle Vincent et Thy Nguyen Truong Minh, en association avec l’UniversitĂ© des Beaux-Arts de HĂŽ, la Ville de Chi Minh et plus rĂ©cemment l’école d’art ERG Ă  Bruxelles.

pierrelarauza.net
Voir aussi
30 aoĂ»t 1991, Tokyo – Pierre Larauza @ La Nuit Blanche Paris (Fr)
Des mouvements que je n’aurais jamais pu faire – Pierre Larauza ! | Tour à plomb (Be)
Focus t.r.a.n.s.i.t.s.c.a.p.e – Exposition + Ă©vĂ©nement – Jacques Franck (Be)

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