Le dernier numéro de la revue d’art actuel québécoise Inter propose un passionnant dossier aux “Pratiques du silence, du son et de l’oralité” (coordonné par le sociologue de la culture et essayiste Martin Nadeau ainsi que le performeur/poète/polyartiste italien Giovanni Fontana), auquel Philippe Franck a contribué* par un entretien avec l’universitaire, essayiste français Jean-Pierre Bobillot, auto-proclamé “POëte bruYant”, “chercheuR de POuX”, “POusseuR de bouchons” autour de son expérience critique de la poésie-action et de sa pratique poético-performative personnelle (rappelons au passage sa somme de référence « Bernard Heidsieck, poésie action » et plus récemment « Trois poètes de trop – René Guil, Jean-François Bory, Lucien Suel).
Ce numéro 137, de plus de 150 pages, sobrement/élégamment designées en noir et blanc, propose aussi hors dossier, d’autres textes et recensions (notamment/également par Philippe Franck, de l’album « La teinturière de la lune » de l’artiste sonore Jérôme Poret et du recueil de nouvelles Mort d’Athanase Shurail d’Alexandre Castant).
En outre, la revue s’augmente d’une compilation en ligne avec 13 pièces sonores courtes fournies spécialement par des participants à ce numéro 137 : Magali Babin, Jean-Pierre Bobillot & friends, Giovanni Fontana, Julie Faubert, Jean-Pierre Bobillot, Caroline Gagné + Christophe Havard, Bartolomé Ferrandi, Barbara Meazzi, Jérôme Poret, Alexandre Castant + Paradise Now, Alexandre Saint-Onge, Marianne Simon-Oikawa, Sandro Sprocatti.
*aux côtés d’autres intervenants : Magali Babin, Nathalie Côté, Silvio De Gracia, Jacques Donguy, Guillaume Dufour Morin, Julie Faubert, Bartolomé Ferrando, Giovanni Fontana, Caroline Gagné, Christophe Havard, Michaël La Chance, Hélène Matte, Barbara Meazzi, Martin Nadeau, Raphaël Ouellet, Mathieu Parent, Benoît Plante, Marianne Simon-Oikawa, Sandro Sproccati, Alexandre St-Onge.
Revue Inter : art actuel
Publié trois fois l’an, Inter, art actuel est un périodique culturel disséminant diverses formes de l’art actuel : performance, installation, poésie, manœuvre, multimédia tout en interrogeant les rapports de l’art au social et au culturel, au politique et à l’éthique. Entièrement produit à Québec depuis 1978, Inter, art actuel a des antennes en région partout au Québec, un correspondant régulier en France et des collaborateurs internationaux dans divers secteurs de la scène artistique mondiale.
“Pratiques du silence, du son et de l’oralité” - Introduction #137 par Martin Nadeau (extrait)
“ Voulons-nous rester encore collés à l’actualité ? Parlons alors de la mort en prison du controversé Phil Spector, inventeur de la technique d’enregistrement dite du mur du son, opérant par surimposition des bandes sons. (…) Il revient à Giovanni Fontana, vétéran poète épigénétique, aussi coresponsable du présent numéro, d’ouvrir ce dossier. Grâce à son réseau tissé au fil du temps et de l’espace, un contingent de contributions venues notamment d’Italie, mais aussi du Japon, rythme les prochaines pages, autour notamment de l’idée d’une poésie totale. Michaël La Chance, lequel vient d’ailleurs de publier un recueil d’articles sur les pratiques de l’art performance, judicieusement intitulé Les inventeurs de vacarme, propose une réflexion sur le silence du couvre-feu imposé par la COVID-19. Julie Faubert réfléchit sur la performance sonore portée par l’« élocution chancelante » d’Alvin Lucier ainsi que sur celle d’Alexandre St-Onge, proposant « une entreprise de désaliénation continue de la langue ». Elle mobilise la notion foucaldienne de parrêsia, constituant l’une des modalités fluctuantes dans l’histoire de l’énonciation du « discours vrai », aux côtés de la prophétie, de la sagesse, de la technique ou de la science. Sandro Sproccati, quant à lui, pose un regard sur un au-delà de la poésie concrète. Il analyse l’œuvre Zeroglifico d’Adriano Spatola, à « l’horizon de la poésie totale ».Raphaël Ouellet réfléchit sur la pratique de la noise, grandement influencée par l’art performance : textures abrasives des sons, frottements des instruments sur les corps, gestes désordonnés… Il prend notamment en compte la « poétique de la transgression » de Georges Bataille et le dyonisiaque nietzschéen pour mettre en lumière son néologisme, l’« inquotidien », comme travail de l’absurde. Marianne Simon-Oikawa, avec « Pratiques et enjeux du son dans la poésie spatialiste », met en relief l’héritage vaste des poèmes sonores comme Ursonate de Kurt Schwitters ainsi que les œuvres incontournables d’Henri Chopin. Il y est question également de la « poésie phonique » d’Ilse et Pierre Garnier. Selon ce dernier, « le moyen technique employé crée la poésie autant que le poète. Le magnétophone, le disque, la télévision doivent créer leur propre forme de poésie « .
Informations
- Revue Inter : art actuel #137 – Printemps 2021
- Format papier – Format Electronique
- inter-lelieu.org